Capcom, Konami et Tecmo n'ont qu'à bien se tenir, car Midway vient piétiner dans leurs plates bandes avec The Suffering, un jeu développé par Surreal Software, un studio fraîchement acquis par Midway.
Ce nouveau venu dans l'arène du "survival horror" est sans contredit une belle réussite qui prend plusieurs amateurs par surprise. Dans ce jeu nous tenons en mains le destin de Torque, un homme condamné à mort pour avoir assassiné sa femme et ses 2 enfants. Celui-ci est transféré au pénitencier d'Abbott, situé sur l'île de Carnate, pour y subir une injection létale. Peu après son arrivé, un tremblement de terre secoue Carnate et c'est comme si les portes de l'enfer s‘ouvraient… Des monstres et des fantômes semblent avoir envahis l'île. Torque profite de la situation chaotique pour s'évader, mais de nombreux obstacles se dresseront sur son chemin. Pour survivre à l'enfer carcéral de Carnate, nous disposons de plusieurs armes toutes plus meurtrières les unes que les autres. La panoplie va des armes artisanales, comme des pics, fabriquées par les prisonniers; jusqu'aux mitraillettes des gardiens. Si cet arsenal n'est pas suffisant, nous pouvons parfois recevoir de l'aide de certains personnages contrôlés par ordinateur. Il n'est donc pas question de trucider tout ce qui bouge sans réfléchir. Un autre atout que nous découvrons, tôt dans l'aventure, c'est que Torque possède aussi la faculté de se transformer lui même en monstre… La bête gavée de folie peut trancher n'importe quel adversaire d'un simple coup de patte. C'est de toute beauté à voir! Le sang et autres liquides visqueux giclent partout et à profusion...
Mais The Suffering n'est pas un jeu qui cherche seulement à soulager nos bas instincts… C'est un produit exceptionnel, bourré de qualités… Les décors sont bien réalisés, jamais nous n'avons l'impression de courir dans un banal labyrinthe. Cet environnement paraît parfaitement réaliste, nous l'explorons d'une manière logique et il procure une bonne variété de lieux intérieurs et extérieurs. Les personnages, eux aussi, sont superbes, principalement les monstres qui proviennent des studios de Stan Winston. Ceux-ci ont tous été créés à partir de méthodes d'exécution comme la pendaison, le peloton d'exécution, le gazage, la chaise électrique, ou la guillotine, ce qui explique leurs aspects effrayants et leur mauvaise humeur chronique. Un autre aspect ou The Suffering brille particulièrement, c'est par sa musique et ses effets sonores qui, avec beaucoup de justesse, mêlent plusieurs bruits et rythmes organiques. Quant à l'histoire, elle est habilement menée par quelques cinématiques peu intrusives; le reste des informations requises nous sont fournies par l'engin de jeu lui-même, qu'il s'agisse des personnages qui nous parlent, des conversations que nous entendons, des flashbacks que nous avons, etc… Tout est fait pour ne pas interrompre l'action inutilement. La caméra fonctionne à la troisième personne, ainsi qu'à la première personne, il est possible de passer de d'une perspective à l'autre à volonté, lorsque l'on se bat ou lorsque l'on explore. Il est à espérer que cette façon de procéder soit imitée par plusieurs autres concepteurs.
Certaines âmes sensibles pourraient craindre une ambiance trop lugubre, mais le plaisir répond présent, du début à la fin. J'ai eu à recommencer le jeu à maintes reprises (en raison d'un bogue de la carte mémoire que j'utilisais) et chaque fois je découvrais de nouveaux détails; il suffit parfois de prendre une stratégie ou un chemin différent, de permettre à un personnage secondaire de vivre plus longtemps… La valeur de rejouabilité de ce titre est vraiment surprenante. Je crois que le fait de pouvoir sauver notre progrès à n'importe quel moment encourage l'expérimentation. Autres bons points; le jeu n'est pas très difficile, les énigmes pas trop complexes et la manipulation du personnage se maîtrise sans problème, même pour des joueurs novices. Malgré que j'aie adoré ce jeu, je ne prétends pas qu'il soit parfait. Torque, qui est sensé être un taulard endurci, prends beaucoup trop de temps à se retourner pour faire face aux ennemis qui l'attaquent par l'arrière. Un mouvement plus rapide pour se retourner pendant les combats aurait assurément donné une allure encore plus menaçante au personnage. J'ai remarqué aussi quelques petits bogues cocasses; mon préféré, un rayon de lumière qui reste immobile dans le ciel après que l'on déplace le projecteur. Pour de l'action, de l'émotion, il faut se procurer The Suffering; vraiment, Midway n'ont pas fait les choses à moitié cette fois…