Les jeux aux concepts audacieux continuent de s'inviter sur les consoles de l'Amérique. Après Katamari Damacy sur la PlayStation 2, c'est au tour de la GameCube d'hériter d'un autre jeu particulier, dénommé Chibi-Robo.
Chibi-Robo est en réalité le présent qu'offre un père de famille à sa fille, à l'occasion de son huitième anniversaire de naissance. M. Sandersons ayant surtout acheté ce dispendieux cadeau pour son propre plaisir et non pour celui de sa fille, Mme Sandersons bannit son mari de la chambre à coucher et l'oblige à dormir sur le canapé de la salle familiale pour une période indéterminée. L'unique tâche que doit accomplir Chibi-Robo consiste à semer la joie partout autour de lui ; joli karma s'il en est, mais il y a ombre au tableau. Le manuel d'instruction du Chibi prétend que celui-ci est entièrement comblé par le simple fait d'errer ça et là dans un endroit prédéterminé et de tenter, dans la mesure du possible, d'incarner la perfection. Cependant, aurait-on oublié d'y inclure un aspect très important, soit le plaisir et l'agrément que devrait ressentir le détenteur et joueur du jeu? Les tâches les plus importantes que vous aurez à accomplir en tant que Chibi-Robo consistent à nettoyer, avec la brosse à dent de Mme Sandersons, les différentes taches retrouvées sur le plancher et à ramasser les nombreux déchets qui jonchent sur le sol de la maison. De minces récompenses permettant d'augmenter les performances de Chibi ou d'acheter de nouveaux gadgets sont obtenues une fois les différentes tâches domestiques complétées. C'est très peu payé par rapport au dur labeur qu'accomplit le joueur. Celui-ci se voit inévitablement comme l'esclave de la maison; sensation que les autres jeux de corvées tels que Animal Crossing et Harvest Moon ont su éviter.
L'élément principal que le joueur sera en mesure d'apprécier et d'expérimenter proviendra de l'exploration du gigantesque environnement qu'est la maison des Sandersons, vu du haut des dix centimètres du Chibi. Par contre, en aucun cas vous ne pourrez vous promener librement à l'intérieur de votre nouveau domicile, ce petit plaisir se voyant interrompre par un obstacle : l'autonomie du Chibi-Robo est limitée. En effet, la pile de Chibi ne peut supporter qu'un certain nombre d'actions et n'encaisser qu'un certain nombre de coups avant de devoir précipiter le petit robot vers une prise murale afin de le recharger; ce qui oblige trop souvent le joueur à revenir sur ses propres pas avant de pouvoir finalement améliorer un peu la durabilité de sa pile. Autre obstacle à la liberté d'exploration des lieux, le jeu est divisé en deux parcelles : celle du jour et celle de la nuit. Une portion de la journée terminée, Chibi-Robo se voit automatiquement téléporté à son quartier général. Honnêtement, il n'y a rien de plus frustrant et décevant que d'être contraint à retourner au bercail à la fin de la journée ou de la nuit alors qu'on est en train d'atteindre de nouveaux sommets.
Chibi-Robo essaie tant bien que mal de faire partie de ces jeux que l'on qualifie d'étranges et de mignons, mais hélas, il s'avère plutôt ennuyeux et fastidieux. Les graphiques médiocres sont en partie à blâmer, puisqu'au premier coup d'oeil rien n'est vraiment beau, tant du point de vu esthétique qu'artistique. En tant que héros, Chibi n'a pas l'incroyable charisme du "Prince of all Cosmos" de Katamari Damacy ou encore la finesse du design de Kirby. Les Sandersons sont aussi bien animés que les "Sentinelles de l'air"… L'environnement dans lequel évoluent les personnages est peut-être très vaste, mais les différentes textures qu'arbore le jeu sont irrémissiblement brouillées. La musique - lorsqu'il y en a - est parfois interrompue, et ce, pour aucune raison apparente. Bien que les personnages ne parlent aucune langue particulière, ces derniers sont dotés de voix originales, plutôt comiques. Toutefois, aucune option visant à abréger les interminables et trop fréquents dialogues ou les séquences cinématiques n'a été prévue.
Chibi-Robo aurait pu faire partie des grands : concept novateur avec beaucoup de potentiel, idée originale, mignon petit personnage. Malheureusement, les concepteurs ont ruiné cette expérience en implantant une limite de temps dans chacun des tableaux. Les joueurs découvriront aussi qu'accomplir des tâches ménagères dans un jeu vidéo s'avère aussi pénible que dans la vie réelle, même si Chibi-Robo essaie de nous convaincre du contraire.