Note de JOUEZ.com: 4 étoiles
Système: DS
Éditeur: Konami
Développeur: Kojima Productions
Lien: Site Web officiel
Boktai, une insolite franchise de jeux de rôle pour le GBA, a droit à une suite spirituelle sur DS. Étonnamment, son aspect le plus distinctif, l'utilisation d'un capteur solaire pour charger ses armes dans la partie, a été écarté de la nouvelle monture. Est-ce que cette rupture dans le concept peut garder la singularité de Lunar Knights intacte ?
Pendant des siècles, les vampires ont fait régner la terreur durant les nuits en enlevant des victimes et en se nourrissant de leur sang. En cette ère spatiale, les vampires ont désormais le contrôle d'une paroi atmosphérique artificielle, le ParaSOL, capable de plonger la Terre dans une nuit éternelle. Au milieu d'une humanité décimée, deux héros se dressent : Lucian, le sombre et solitaire chevalier, ainsi qu'Aaron, le jeune membre enthousiaste d'une guilde de chasseurs de vampires. Lunar Knights propose un jeu d'action avec une pincée de jeu de rôle où le joueur doit combiner les forces de deux héros et tirer profit d'un système météorologique.
En soi, la constitution de Lunar Knights est des plus classiques pour un jeu de rôle et d'action. Le jeu adopte une structure cyclique où le joueur doit traverser des donjons, vaincre des boss vampiriques et, parfois, visiter des marchands. Ce qui distingue le titre de la masse, c'est l'inclusion de mécaniques originales qui modifient considérablement l'état de la partie et les pouvoirs des héros. Le joueur doit combiner adroitement les forces de Lucian, un combattant de courte portée qui tire sa force de la lumière lunaire et Aaron un franc-tireur qui dépend des rayons du Soleil. Ces dépendances au Soleil et à la Lune sont évidemment liées à un système de cycle temporel et météorologique qui s'affiche dans l'écran supérieur de la console. Un héro ne peut tirer l'énergie essentielle au combat que si son astre est dans le ciel. De plus, la récupération de cette énergie est influencée par les conditions atmosphériques. Un ciel clair permet par exemple une récupération plus rapide. Cette mécanique est astucieuse puisque qu'elle ponctue la jouabilité de tensions et contraint le joueur à réviser constamment ses tactiques de progression. Même si, parfois, certaines conditions atmosphériques nuisent à la récupération d'énergie, elles peuvent s'avérer utiles. Ainsi, une pluie peut remplir un caniveau et permettre l'accès à une section secrète, alors que le tonnerre peut révéler des coffres autrement invisibles.
D'autre part, le jeu permet d'explorer les donjons avec une approche combative ou furtive. L'approche furtive est favorisée par des mécaniques particulières, vous pouvez ainsi souffler dans le micro de la console pour attirer l'attention d'un ennemi ou voir à l'extérieur du cadrage de l'écran. Côté combat, les affrontements à courte portée sont un mélange réfléchi d'enchaînement de coups d'épée et d'utilisation de bouclier. Quant aux assauts à longue portée, ceux-ci imposent une bonne priorisation des cibles et des déplacements réguliers. Ces divers systèmes procurent au jeu une richesse tactique tout en conservant une juste simplicité. Les pouvoirs des diverses armes peuvent être améliorés grâce aux Terrenials, des compagnons de combat basés sur divers éléments (feu, glace, etc.). Un peu comme dans Pokémon, la sélection du Terrenial approprié peut amplifier l'effet d'une attaque sur un ennemi appartenant à l'élément opposé. Histoire de varier l'expérience, une fois qu'un boss est vaincu, le joueur prend part à un mini-jeu de tir spatial 3D. À l'image de Starfox, le joueur doit éviter des attaques, tirer les navires ennemis et, encore une fois, exploiter les pouvoirs des Terrenials. Le tout est contrôlé via l'écran tactile. L'inclusion de ces segments dans la jouabilité semble un peu forcée, mais ceux-ci offrent quelques moments satisfaisants.
L'aventure est accompagnée d'un sympathique mode multi-joueur où 4 compétiteurs peuvent s'affronter avec une unique cartouche. Le style visuel du jeu, qui respecte les cannons esthétiques des jeux de rôle japonais, séduit par son mélange de science-fiction et de gothisme ainsi que par sa finesse. Celui-ci est d'ailleurs mis en valeur par de courtes, mais formidables cinématiques d'animation qui soulignent les moments-clés de l'aventure. À l'instar des Boktai, Lunar Knights opte pour des graphiques isométriques 2D de bonne facture. Bien que la distinction technique avec les opus précédents ne soit pas effarante, les capacités supplémentaires du DS permettent de plus gros et nombreux ennemis ainsi que des effets plus raffinés. L'animation est plutôt convaincante en rythmant adéquatement l'action et en communiquant des détails subtils. Les effets sonores supportent convenablement la jouabilité et d'occasionnels doublages insufflent avec brio de la personnalité aux protagonistes. La musique, pourtant entraînante et bien exécutée, a toutefois tendance à ruiner l'ambiance que le reste du jeu s'efforce d'instaurer. À titre d'exemple, des airs de jazz semblent quelque peu inadéquats lors d'une mêlée avec des goules dans un cimetière.
Avec une durée de vie honnête pour un jeu portable, Lunar Knights propose suffisamment de variété et de profondeur pour valoir le prix d'entrée. Ce titre trouvera définitivement preneur chez les amateurs de jeux de rôle 2D qui aiment les bonnes surprises. Tandis que certains vont reprocher à Lunar Knights son trop grand classicisme, d'autres y verront l'aboutissement d'une ambitieuse série de jeux de rôle portables.
Une critique de Patrick Thellend
par JOUEZ.com