Sylvianne Pilon, nommée en janvier dernier à la tête d'Alliance jeu vidéo, chapeautait le Sommet international du jeu de Montréal. Nous l'avons rencontrée afin de discuter de l'industrie et des perspectives d'avenir pour le Sommet.
Cette année, le Sommet célébrait son 7e anniversaire et pour l'occasion de grosses pointures étaient au rendez-vous. Notamment, Ed Fries, cofondateur du projet Xbox chez Microsoft, Ron Carmel, fondateur du studio indépendant 2D Boy (World of Goo), Julien Merceron de Square-Enix et bien d'autres. Au total, c'est près de 60 conférences et séminaires touchant toutes les facettes de la création d'un jeu vidéo qui ont été présentées (production, programmation, arts et effet visuels, etc.). Montréal étant devenu une des plus importantes villes dans l'industrie du jeu vidéo, il n'est pas surprenant de voir que le Sommet attire dorénavant plus de 1500 personnes, dont plus de 30% proviennent de l'extérieur.
Pour coordonner l'événement, une équipe d'une dizaine de personnes dirigées par Mme Pilon veillait aux détails organisationnels et financiers. Lorsque nous lui avons demandé s'il est maintenant plus facile d'attirer de gros joueurs à l'événement, Mme Pilon a été catégorique: la notoriété acquise par la métropole et l'ouverture de nombreux studios dans la région pique l'intérêt des gens de l'industrie et aide à les attirer sur place. Cependant, alors que l'an dernier, l'industrie du jeu vidéo flottait sur un nuage malgré les turbulences économiques, la réalité a, cette année, rattrapé plusieurs studios et éditeurs qui ont dû effectuer plusieurs mises à pied. Si Montréal a somme toute été épargné par la tourmente, Mme Pilon affirme qu'il a été plus difficile pour les organisateurs du Sommet de rassembler le nombre de commanditaires souhaités. Sur un ton plus rassurant, elle a fait remarquer que, malgré ce fait, les objectifs financiers ont été tout de même atteints.
La mission principale du Sommet est axée autour des échanges entre les professionnels de l'industrie, mais elle offre aussi une porte d'entrée intéressante pour les étudiants. En plus de concours de création 3D permettant à ceux-ci de démontrer leur savoir-faire sous le regard attentif de professionnels, des activités de recrutement ont été organisées afin de permettre aux gens de soumettre leur candidature en personne. Lorsqu'on demande à Mme Pilon s'il est question d'un volet grand public pour les années à venir, on semble être ouvert à l'idée et on promet d'y voir dès l'édition 2011. Il faut savoir cependant que de proposer un volet grand public est beaucoup plus coûteux pour les exposants. Les gens de l'Alliance jeu vidéo doivent donc prendre le temps de s'assurer que des partenaires importants s'y joindraient dans l'éventualité où une telle formule y était présentée. Notons que le Festival Arcadia ayant eu lieu à Montréal de 2005 à 2008 est disparu du paysage suite à des problèmes financiers, signe qu'il est difficile de mettre en place et de soutenir un tel événement.
Si le SIJM est l'une des réalisations les plus visibles de l'Alliance numérique, l'organisme à but non lucratif est actif tout au long de l'année afin de supporter ses membres (comprenant plus de 150 compagnies et centres de formation). Même si l'une de ses tâches est de servir de courroie de transmission entre l'industrie et le gouvernement, l'organisme souhaite s'impliquer davantage dans le processus de formation de la main-d'œuvre spécialisée. L'Alliance numérique souhaite créer un "Centre Numérique" pouvant regrouper différents programmes de formation destinés à répondre aux besoins de l'industrie. Rappelons qu'en 2005 Ubisoft avait lancé son propre campus destiné à former une main d'œuvre de qualité. Plusieurs avaient critiqué cette approche, la jugeant trop partisane. L'expérience n'aura finalement duré que 5 ans puisque l'été dernier, le Campus Ubisoft a fermé ses portes. Toutefois, le besoin pour des programmes de formation orienté vers les technologies numériques demeure et c'est précisément là où l'Alliance numérique souhaite frapper. Le projet serait à l'étape des études de faisabilité. La forme et le contenu devraient être annoncés dans les mois à venir.
En terminant, notons qu'en clôture du Sommet, Mme Pilon a annoncé qu'un événement à vocation plus large intitulé MTL DGTL se tiendra en lieu et place du SIJM l'an prochain. Plutôt que d'une durée de 2 jours, le Sommet remanié s'étendra sur une semaine complète et s'adressera à l'industrie "numérique" au sens large du terme. On espère donc y attirer davantage de compagnies du monde des technologies mobiles, de l'informatique et bien sûr du jeu vidéo.
Un compte-rendu de Frédéric Dubois. Merci à Alliance numérique pour l'invitation.
par JOUEZ.com