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Mieux connu pour ses prouesses olympiennes en planche à neige, Shaun White est tout aussi talentueux en planche à roulettes. Inspiré par son style, Ubisoft présente Shaun White Skateboarding.
D'entrée de jeu, Shaun White Skateboarding tranche avec la compétition en offrant une campagne alimentée par une histoire et des personnages. En effet, le joueur incarne un jeune planchiste sans nom dans un univers contrôlé par le "Ministère" et où tout individualisme est réprimé. Les couleurs ternes dominent et tous doivent porter les mêmes vêtements afin d'éviter d'exprimer toute forme d'émotion ou traits de personnalité. Au début de l'aventure, Shaun White est emprisonné pour avoir fait preuve de créativité et développé une attitude révolutionnaire face au pouvoir en place. Pour une raison inconnue, le personnage sans nom que vous incarnez hérite de la mystérieuse planche de Shaun, capable d'influencer la population et ramener du style et de la vie à ce sombre univers. Bien entendu, pour ce faire, le joueur devra effectuer différentes prouesses afin d'influencer l'environnement immédiat. Curieusement, malgré le fait que le jeu porte son nom, le joueur n'incarne qu'un bref moment le célèbre planchiste et celui-ci est virtuellement absent de l'histoire.
Ceci étant dit, les premiers instants au contact de ce monde sont particulièrement satisfaisants. Chaque truc, chaque cascade créent une onde de choc transformant le décor immédiat. Les escaliers prennent la forme de superbes rampes, le sol se déforme afin de proposer des sauts, les murs se courbent en forme de demi-lune, etc. Dans le but d'opérer ses transformations, le joueur doit effectuer suffisamment de trucs afin de remplir sa jauge d'influence. Divisée en trois sections aux couleurs distinctes, cette jauge indique au joueur quel type de structure il peut influencer. Sur le terrain, les éléments influençables sont quant à eux entourés d'un halo de couleur indiquant le niveau requis pour les activer. Similaire à plusieurs jeux d'aventure, le joueur a le choix de suivre les objectifs principaux afin de faire progresser l'histoire où encore d'étirer le plaisir en s'attardant aux objectifs secondaires. Si les prémisses sont plutôt originales dans le cadre d'un jeu de planche à roulettes, l'exécution tombe rapidement à plat tant l'histoire est faible. Les personnages n'aident en rien la cause en offrant des dialogues particulièrement insignifiants et grossièrement stéréotypés.
Comme mentionné précédemment, le joueur peut user de son influence afin de transformer le monde qui l'entoure, mais il ne s'agit que de transformations prédéterminées. Les développeurs ont opté pour trois types de structures pouvant être altérées et contrôlées par le joueur directement. Ces structures sont facilement reconnaissables sur le terrain par leur couleur d'un vert éclatant. D'abord, les "rails" permettent de prolonger un "grind" ou "slide" dans n'importe quelle direction. Ensuite, les "streets" sont de larges surfaces pouvant s'étendre de haut en bas et permettre de joindre certaines sections autrement inaccessibles. Finalement, en fin de campagne, certains modules peuvent être enfoncés ou relevés du sol afin de créer des ouvertures. Chacune de ces structures peut être réinitialisée autant de fois que le joueur le désire, permettant ainsi de varier les endroits atteints ou simplement la forme afin d'y effectuer différentes cascades. L'idée est rafraîchissante sur papier, mais en réalité le résultat n'est pas aussi excitant qu'espéré. C'est principalement causé par le fait que lorsque le joueur forge sont parcours, il ne peut effectuer aucun truc. Pour profiter du résultat, le joueur doit revenir sur ses pas. Il ne s'agit donc ni plus ni moins que d'un simple moyen de transport vers différentes sections des niveaux proposés.
De brillantes idées mal exécutées ne sont pas que les seuls problèmes affligeant le jeu. Différents problèmes techniques viennent aussi contribuer à ternir le plaisir. Par exemple, il n'est pas rare de voir son joueur se coincer dans différents recoins des niveaux ou encore de voir un truc ayant pourtant l'air réussi se terminer en un échec. D'ailleurs, difficile de passer sous silence l'absence de quelconque animation lors d'une chute (le joueur ne faisant que s'évaporer en une multitude de petites billes). De plus, plusieurs choix douteux de combinaisons de touches rendent la prise en main inutilement frustrante. Par exemple, certains boutons ont différentes significations selon contexte et certains trucs requièrent des combinaisons de touches quasi identiques, rendant leur exécution très approximative, voir aléatoire. Le tout est couronné d'une campagne aux objectifs répétitifs et souvent ennuyeux (comme faire fuir les quelques pigeons perchés aux structures d'un parc d'attractions).
Le jeu comprend bien un mode multijoueur où, en théorie, jusqu'à 8 joueurs peuvent s'affronter dans différents types de matches. En pratique toutefois, le lobby est complètement désert. Dans le cadre de cette critique, je n'ai jamais pu effectuer ne serait-ce qu'une seule partie en ligne; n'étant pas en mesure de trouver des adversaires pour croiser le fer. Heureusement, un mode sur écran divisé est tout de même offert et permet des affrontements un contre un. La "Guerre du Flow" propose d'accumuler plus de points que son adversaire en une seule série. Certains items spéciaux permettent de nuire à l'adversaire en interrompant sa série. Le "Ministère contre Rising" est similaire aux fameux roi de la montagne, où le joueur doit atteindre le troisième niveau d'influence avant de pouvoir capturer les tours parsemant le parcours. La "Bataille de façonnage", comme son nom le suggère, consiste à forger de rampes et des rails les plus longues possibles, alors que l'adversaire peut les réinitialiser et récupérer des points. Un quatrième mode est disponible une fois que le joueur a complété la campagne et consiste en un mode ouvert où il ne faut que marquer davantage de points que son adversaire. Parmi ces quatre types d'affrontement, plusieurs perdent tout leur sens à deux joueurs et offrent peu ou pas d'intérêt.
Shaun White Skateboarding a été bâti sur des idées qui auraient pu révolutionner le genre: bâtir un jeu de planche à roulettes autour d'une histoire, offrir la possibilité d'altérer l'environnement et de créer son propre parcours. Dans les faits, chacune de ces facettes ne représente qu'un reflet des ambitions des développeurs. Certes, on peut y trouver un peu de plaisir à effectuer quelques trucs ici et là , à créer quelques rails déjantés, mais le plaisir est de courte durée et on a tôt fait de passer à autre chose.
Jeu disponible en français (textes à l'écran et voix parlées)
Une critique de Frédéric Dubois
Évalué sur: Xbox 360
Systèmes: Xbox 360, PS3, Wii
Éditeur: Ubisoft
Développeur: Ubisoft Montréal
Lien: Site Web
par JOUEZ.com
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