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La saga du Trône de Fer a déjà été déclinée sur une multitude de supports depuis sa création en 1996. Seul le jeu vidéo était inexistant, jusqu'à ce que des concepteurs montréalais s'en chargent.
Cyanide Montréal ont adapté cet univers riche sous la forme d'un jeu de stratégie à temps réel, qui se démarque par sa complexité, sa profondeur et par ses différences étonnantes. La série "Le Trône de Fer", un incontournable de la littérature écrit par George R. Martin, est renommée pour son atmosphère médiévale réaliste, ses personnages non manichéens et ses intrigues politiques. Le jeu, comme son nom l'indique, met l'emphase sur la genèse de la saga, et se déroule quelques 1000 ans auparavant. Les concepteurs, avec un souci de la qualité indéniable, ont su respecter ce qui a fait le succès de la série. Au lieu de laisser la place à la facilité, A Game of Thrones: Genesis encourage plutôt l'espionnage, la corruption, les assassinats, la séduction, les alliances secrètes et, évidemment, la diplomatie. Créer une armée demeure une nécessité, mais elle ne sera pas gage de réussite dans ce jeu de stratégie nouveau genre. D'ailleurs, une déclaration de guerre se termine généralement, par une occupation totale des terres par une des factions car revenir en temps de paix devient dès lors pratiquement impossible.
Les tactiques permises sont nombreuses et il faut garder en tête que les autres joueurs, ainsi que l'intelligence artificielle, peuvent les exploiter eux aussi. L'idée est ahurissante en théorie, mais en pratique, comme il n'y a pas de pause, les joueurs seront rapidement débordés et ne sauront plus vers où se tourner. Choisir autant d'options en un si court laps de temps relève presque de l'exploit. Dans la campagne, ce processus est évité mais à un certain prix. Elle est plutôt constituée d'objectifs bien définis qui ne peuvent être transgressés. Les joueurs incarnent donc quelques héros fort connus de la saga, possédant chacun des habilités uniques, et avec un but précis à accomplir, parfois même d'une seule façon bien définie. C'est grossièrement plus simple, mais on y perd de la profondeur en retirant son propre libre arbitre. Lorsque la diplomatie échoue, les joueurs peuvent se tourner vers l'action militaire, à condition de s'y être adéquatement préparé et ce, à l'avance. Non seulement une unité coûte cher à produire et à nourrir, mais plus elle est produite, plus son coût augmente. C'est une façon boiteuse de limiter les armées, si l'on peut dire. Les combats sont aussi une faiblesse importante du jeu. La végétation et les collines jouant en faveur ou en défaveur d'un joueur, les batailles se jouent généralement d'un simple coup de dé, la stratégie à ce niveau est relativement inutile.
Genesis se compose d'une campagne scénarisée qui pourrait faire office de partie d'initiation suite au tutoriel. Ce dernier est d'ailleurs un incontournable pour débuter sur de bonnes bases. Évoluer dans la campagne s'avère fastidieux dès le début, mais ça l'est d'autant plus que les joueurs sont infligés par un système de sauvegardes automatiques qui les empêchent de sauvegarder quand bon leur semble. Ce sont les modes Escarmouches, en ligne ou hors ligne, et les parties avec classement qui reçoivent tout le mérite. Comme il faut une certaine quantité d'or pour déverrouiller des unités, les plus fins stratèges évolueront plus vite et par conséquent, ils seront les plus menaçants. Ces parties intègrent notamment de petits défis sous forme de missions, qui gratifieront celui qui les complète par des points de prestige. Au total, pas moins de 15 cartes sont proposées, dont une pouvant accueillir jusqu'à 8 joueurs, ce qui constitue déjà une réelle satisfaction pour les fans.
L'aspect graphique du jeu démontre un important retard sur son temps. Les animations sont lamentables et les textures utilisées manquent clairement de finition. Même lors du déplacement de la caméra, on remarque inévitablement une certaine latence sur l'affichage de la carte. La trame sonore reflète très bien l'atmosphère médiévale et mystérieuse recherchée et s'y marie parfaitement. La qualité de sa production est irréprochable, jusqu'à ce que le doublage francophone résonne. Ce dernier manque franchement de conviction, et il nous fait rapidement décrocher de l'ambiance créée. Comble de malheur, la jouabilité souffre d'un handicap de taille. Un jeu reposant largement sur la micro-gestion doit impérativement afficher un menu décent, clairement détaillé et pouvant être rapidement parcouru. Hélas, les minuscules icônes des unités actives s'entassent rapidement sur la gauche de l'écran, les informations des évènements importants ne sont pas toujours affichées et trouver le menu nous permettant de créer une unité bien précise s'avère un véritable casse-tête. Pour couronner le tout, il est particulièrement difficile de distinguer une unité d'une autre, sur la carte, tellement les insignes peuvent se ressembler à s'y méprendre. Un important manque de finition sur ces points qui peut avoir des conséquences désastreuses.
A Game of Thrones; Genesis n'est pas parfait, mais il a le mérite de se démarquer de la concurrence, mais dû à sa grande complexité et à un manque important de finition, agrémenté d'une compagne solo dictatoriale, il ne fera certainement pas l'unanimité. Un titre non négligeable, si vous acceptez de faire des compromis.
Jeu disponible en français (textes à l'écran et voix parlées)
Une critique de Eric Hamel
Système: PC
Éditeur: Focus Home Interactive
Développeur: Cyanide Montréal
Lien: Site Web
par JOUEZ.com
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